top of page

Relocaliser oui, mais pas pour le monde d’hier


En ces temps difficiles pour tous, notre économie subit, et pour de longs mois encore, les conséquences du coronavirus. Cette crise douloureuse nous permet néanmoins de nous rendre compte de notre dépendance à l’Asie en matière de fabrication des biens que nous consommons quotidiennement. Et cette prise de conscience ne s’arrête pas là. Cette dépendance implique un coût fatal pour l’écologie et pour notre société. La question d’une production « propre » qui réduit les distances et son bilan de C02 repositionne la question de la relocalisation au premier plan.


Pour la première fois, nous pouvons parler librement de relocalisation en ayant tous conscience des mêmes enjeux et en ayant besoin d’œuvrer dans le même sens… alors disons-le nous : la non-maîtrise de la fabrication de nos biens n’est pas un progrès, comme le prétendait cette société « post-industrielle », bien au contraire.


Les signaux sont clairs, la question de la relocalisation doit être débattue. En 2008, nous parlions de relocalisation pour garantir la qualité des emplois en France, aujourd’hui l’enjeu évolue, il est bien plus grand.


Bien sûr, certains secteurs, certaines entreprises, auront plus de mal à relocaliser que celles qui fabriquent des produits à forte valeur ajoutée. Mais nous devons le repenser. Mieux, nous devons innover.


La nécessité d’une politique forte et engagée.



Les points essentiels qui ont poussé les entreprises à la délocalisation sont toujours là : coût du travail élevé et difficultés d’embauche étant souvent les premiers cités. Si cette relocalisation ne s’inscrit pas dans une politique globale qui accompagne ce mouvement nous n’y arriverons pas. La réindustrialisation du pays doit devenir une priorité et les bénéficiaires seront nombreux : l’écologie, les territoires qui se redynamisent, l’emploi. Bien sûr, il ne faut pas s’attendre à autant de créations d’emploi que ceux qui ont été perdus. Car pour rester compétitifs les ateliers devront être automatisés et la production repensée. Néanmoins, c’est tout un éco-système qui reprend vit quand une entreprise relocalise et notamment le territoire et toutes les PME qui gravitent autour d’elle. Les quelques relocalisations heureuses comme celle de Kusmi Tea, de Bioseptyl ou de Rossignol doivent être riches en enseignement.


L'innovation au service d'une relocalisation verte.


Demain, on ne transigera plus sur l'écologie


Relocaliser pour produire la même chose de la même manière ? Ce sera difficile. Ce mouvement de relocalisation, qui est, il faut le dire, encore aujourd’hui très faible, est l’occasion de repenser des modes de productions économes, des produits propres, recyclables, durables et réparables. La réindustrialisation de la France doit se faire au plus près des principes de l’économie circulaire pour que la cohabitation avec nos ateliers de production soit la plus bénéfique pour tous. On remarque que les relocalisations heureuses sont souvent accompagnées d’une montée en gamme, d’une innovation ou du moins, d’une évolution du produit. Le design ici, peut apporter beaucoup et, bien sûr, pas uniquement sur le plan de l’esthétique qui lui est trop souvent associé. La pensée design, qui remet en question nos fondamentaux est nécessaire. Face à cette question centrale, designers et stratèges doivent être mobilisés pour trouver des solutions. Mais pas seuls. La recherche est cruciale. L’éducation aussi. Cette politique forte et globale doit soutenir ces métiers, la recherche et l’éducation tout en encourageant les entreprises à se réinventer. Car c’est aussi l’usine, telle qu’elle a été qui doit être repensée.



Réinventer l'usine de demain, mais aussi le travail à l'usine de demain.



Demain, on ne transigera plus sur l'humain


Comment recruter en France demain si c’est ce qui a conduit les entreprises à délocaliser ? Un des problèmes cruciaux de l’industrie française est la difficulté à recruter du personnel formé. La fermeture des filières de formation, le rejet du « travail à l’usine » par les jeunes générations sont autant de faits qui n’ont pas aidé au maintien de l’industrie française. Ici aussi, la solution ne peut pas reposer que sur l’entreprise. Toutefois, ces entreprises peuvent repenser leur organisation, leurs procédés de fabrication en valorisant l’humain.


De nombreuses recherches depuis plusieurs décennies ont montré les effets négatifs de la sur-division des tâches, de la segmentation et de l’opacification du travail. Ces actions ont eu un effet dévastateur sur les conditions de travail certes, sur l’attrait de ces métiers, mais également sur la transmission des savoir-faire. Cette sur-division des tâches à atrophié les savoir-faire. L’usine de demain doit proposer des emplois épanouissants, gratifiants et dont l’humain peut tirer son besoin naturel d’auto-satisfaction et de fierté. Avec la sur-division des tâches, c’est aussi la perte du savoir collectif qui a déjà impacté notre pays et pourrait continuer de l’impacter si aucune mesure n’est prise.


La politique doit donc être clairement engagée pour pouvoir reformer des jeunes, révéler chez eux l’envie des métiers de fabrication, en profitant notamment du regain d’attrait des métiers artisanaux. Et pendant ce temps, elle doit également accompagner les entreprises et manufactures françaises à la formation en interne des nouveaux collaborateurs, souvent chronophage et coûteuse pour l’entreprise..



Le temps d'écrire l'après?



C’est donc le moment de profiter de ce confinement pour repenser l’après. Tout ceci n’ira pas sans un éveil du consommateur/client sur l’impact sociétal de sa consommation. Il y a quelques années personne n’y croyait pensant que le consommateur serait toujours et uniquement motivé par le rapport qualité-prix. Ces derniers temps nous ont permis d’observer un éveil fort des consciences et qui ne se limitent pas aux CSP +++. La montée du bio, le retour au local, à l’artisanat, chez le particulier comme dans l’entreprise sont autant de signaux qu’il serait fatal d’ignorer. L’entreprise de demain sera celle qui accompagne et œuvre pour le bien-être collectif, de manière durable, propre, et ses clients seront là pour le voir.



Vous souhaitez recevoir la Gazette par e-mail ?

Posts à l'affiche
Posts Récents
Archives
Retrouvez-nous
  • Facebook Basic Square
  • LinkedIn Social Icon
La Gazette de l'Atelier

Editée trois fois par an, la gazette est notre manière à nous de partager des points de vue et des idées issues de nos échanges avec des fabricants. 

Téléchargez ici les dernières éditions.

Rechercher par Tags
bottom of page